PORTRAIT de février : Marc-André Godin

MARC-ANDRÉ GODIN
Enseignant à l’École Sainte-Anne et membre du groupe La Patente
Par François Albert
Cet homme fonceur, passionné et résilient est la preuve que la vie peut prendre différentes directions sans qu’on s’y attende.
Né en 1982, Marc-André Godin a grandi dans la région d’Edmundston, dans le Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick, plus précisément dans la petite communauté de Saint-Jacques. Son père, George, travaillait pour l’usine Fraser Limited, et sa mère, Rita (née Roy), était infirmière. Marc-André est le benjamin de trois enfants, alors que Julie et Jean l’ont précédé.
« J’étais un enfant turbulent, hyperactif et avec de gros déficits d’attention. Débordant d’énergie, j’étais une petite tornade qui devait toujours bouger! Je passais beaucoup de temps dehors et je changeais de couleur selon les saisons », se souvient Marc-André. « Au primaire, j’avais de bons résultats, car ma mère m’aidait beaucoup avec mes devoirs, mais à l’intermédiaire, j’ai un peu lâché prise et j’aimais vraiment pas l’école... une chose est certaine, j’me voyais pas devenir enseignant à cette époque! »
Les parents de Marc-André l’ont beaucoup encouragé à participer à des activités sportives, mais ces derniers avaient moins d’intérêts pour les arts et la musique. Pourtant, au fil des ans, Marc-André a cultivé une véritable passion pour la musique.
« J’ai toujours aimé la musique et, à l’adolescence, j’ai commencé à chanter – ou plutôt à crier! – dans un groupe pop-rock. J’avais aussi un intérêt pour jouer de la guitare, mais comme je suis gaucher, c’était presque impossible de trouver, dans ma région, une guitare adaptée pour moi », a raconté Marc-André.
Il ajoute qu’il a commencé à gratter une guitare (pour les droitiers!) vers l’âge de 19 ans, mais sans plus.
À sa sortie du secondaire, Marc-André ne savait pas trop quoi faire de sa vie : « Je voulais continuer à faire de la musique avec mes chums et faire ma p’tite job. Dans le temps, je m’inquiétais pas pour ces choses-là! »
Pendant un an, il a travaillé pour une entreprise qui confectionnait des enseignes, pour ensuite s’inscrire au programme de charpenterie du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, au campus d’Edmundston.
« Après mon cours, j’ai travaillé deux ans dans la région du Nord-Ouest, notamment pour Donald Thibodeau avec qui j’ai appris mon métier de charpentier... ça été un bon apprentissage. C’est aussi grâce à lui que j’ai décidé de devenir enseignant, car il m’encourageait à retourner aux études », a mentionné Marc-André.
C’est à ce moment que sa vie professionnelle a radicalement bifurqué, alors qu’il s’est inscrit au programme d’éducation de l’Université Moncton, campus d’Edmundston.
« Au début, je prévoyais me spécialiser en mathématiques, mais mon premier stage en éducation m’a fait réaliser que je n’étais pas dans la bonne voie. Mon évaluateur de stage m’a même fortement recommandé de reconsidérer mon choix de carrière, mais Éric Levesque, l’enseignant avec lequel j’étais jumelé pour mon stage, a vu du potentiel en moi et il m’a suggéré d’oublier les maths et de plutôt me spécialiser au primaire 5e à 8e année... c’est ce que j’ai fait. Il faut comprendre que ça n’a pas été facile de changer de carrière, car je fittais pas dans le moule typique de l’enseignant et mon parcours est très différent, mais j’ai pas lâché! », a précisé Marc-André.
En 2008, après six ans d’études universitaires, il a obtenu son baccalauréat en enseignement primaire 5e à 8e année. Après un an à faire de la suppléance dans la région du Nord-Ouest, il est devenu enseignant (pendant trois ans) au Vitrail, un centre d’éducation alternative appartenant à la polyvalente Cité des Jeunes A.-M.-Sormany d’Edmundston.
Après ses études universitaires, à l’âge de 30 ans, Marc-André a eu une prise de conscience qu’il devait apporter de gros changements à sa vie personnelle.
« J’avais de sérieux problèmes de consommation d’alcool et j’étais un gros fumeur de cigarettes. Je ne me voyais pas être enseignant et vivre avec mes défis de dépendance qui prenaient trop de place dans ma vie. Graduellement, je me suis pris en main. J’ai arrêté de fumer et, en avril prochain, ça va faire 11 ans que je n’ai pas bu d’alcool! » a fièrement dit Marc-André.
Passionné par tout ce qu’il entreprend, il est tombé (un peu comme Obélix dans la potion magique) dans la fabrication de guitares : « C’est un de mes amis, Julien Massicotte, qui m’a suggéré de mettre en pratique mes talents de charpentier et mon intérêt pour la guitare, et le timing était parfait! C’est comme si on m’avait donné une béquille pour me permettre d’avancer. J’avais un nouveau focus qui me permettait de dépenser mes énergies. »
Avec le temps, Marc-André a peaufiné sa passion de fabriquer des guitares, il a commencé à se faire connaître dans son coin de pays, et même à attirer des clients.
Au cours de cette même période, Marc-André faisait partie de la formation musicale, Combovers, dans laquelle il chantait et jouait de la guitare et de la basse électrique. Il s’agissait d’un groupe de rock progressif, de quatre musiciens, qui créait ses propres compositions, en anglais et en français : « C’est dans ce groupe que j’ai appris à créer de la musique et c’est à ce moment que j’ai vraiment commencé à apprendre à jouer de la guitare et de la basse électrique. »
Depuis ses études universitaires, Marc-André partage sa vie avec Mélissa Morais (originaire de Saumarez dans la Péninsule acadienne) et ils ont un fils, Esteban, âgé de 14 ans.
« Lorsque j’ai rencontré ma blonde, à l’université, elle m’a charmé solide. Mélissa m’a beaucoup aidé dans mon parcours et elle a fait preuve de patience et de compréhension. Quant à mon fils, c’est mon meilleur chum, mon buddy. On est tellement fiers de lui », a mentionné Marc-André.
En 2012, la famille Godin-Morais a déménagé à Fredericton, car Mélissa a obtenu un poste d’enseignante à l’École Sainte-Anne (ÉSA), et où Marc-André est devenu enseignant de charpenterie et de mécanique. Ensuite, pendant trois ans, il a enseigné le français, les sciences humaines et la F.P.S. à des élèves de 7e année. Depuis les dernières années, il enseigne la charpenterie aux élèves du secondaire, à l’ÉSA.
Après son arrivée dans la capitale, Marc-André a un peu délaissé la musique et la fabrication de guitares pour consacrer son temps à sa famille et à son travail. Cependant, en 2020, ceci a complètement changé avec la formation du groupe, La Patente, composé de Marc-André et de trois autres musiciens, tous des Brayons. Le groupe a déjà lancé deux albums, présenté plusieurs spectacles au N.-B. et même aux États-Unis, et bientôt, au Québec et en Europe. Aussi, le quatuor a reçu plusieurs récompenses et nominations pour son originalité et son talent. Impressionnant pour ce jeune groupe dont l’avenir est plus que prometteur.
Marc-André, continue ton parcours unique et, surtout, à nous partager tes passions!
Au sujet de La Patente, lisez l'article La montée fulgurante du groupe La Patente.