Portrait - Octobre 2024 : Allen Doiron
Cet archiviste passionné de l’histoire, notamment celle de l’Acadie, a consacré sa vie professionnelle à préserver et valoriser le patrimoine culturel acadien. Il a accompli un travail essentiel afin de transmettre cette richesse patrimoniale et culturelle aux générations futures.
Allen Doiron est né en 1955, dans la Péninsule acadienne, et il a grandi dans le petit village de Saumarez, près de Tracadie.
Son père était Albéni Doiron : « Mon père a exercé plusieurs métiers. Il a été charpentier; ensuite, il a travaillé dans le domaine de l’installation de fournaises; pour finalement ouvrir un magasin qui vendait du matériel électrique pour les maisons. Il venait d’une famille de 16 enfants et il a appris la vie à la dure. Mon père était très débrouillard et il a quand même eu une belle vie. »
La mère d’Allen, Marjorie (née McCormick), a vécu les premières années de sa vie, en anglais, à Newcastle (maintenant appelé Miramichi) : « Mon grand-père, Albert McCormick, était anglophone et son épouse était une Acadienne, Évangéline Losier. Au décès de mon grand-père, ma mère – qui avait 3 ans – et ma grand-mère ont déménagé à Saumarez, le village d’origine d’Évangéline. »
Allen est le deuxième de quatre garçons. Il a été précédé de Livain et suivi de Jean-Guy et Denis.
« Je me souviens que de la 1re à la 8e année, c’était l’école à la dure, alors que les enseignants ne se posaient pas de question pour nous réprimander avec une claque ou avec la strap », a mentionné Allen. « J’étais un enfant tranquille, réservé, même très timide, mais vers l’âge de 10 ans, je me suis joint à une équipe de hockey sur glace et cela a changé ma façon de voir la vie, de penser, et ça m’a donné beaucoup d’assurance. J’ai joué au hockey toute ma vie, jusqu’à trois ans passés. »
Albéni et Marjorie Doiron souhaitaient que leurs fils poursuivent des études universitaires : « Quand j’étais jeune, j’ai travaillé plusieurs étés avec mon père, et ç’a été comme un électrochoc qui m’a fait réaliser que ce n’est pas ce que je voulais faire de ma vie... mais je n’avais aucune idée dans quel domaine étudier! Mais c’est en 12e année, en travaillant sur un projet de recherche dans un cours d’histoire, que j’ai trouvé mon domaine et ma passion : l’histoire. »
En 1973, Allen s’est inscrit à l’Université de Moncton et, quatre ans plus tard, il a obtenu un baccalauréat ès arts avec une spécialisation en histoire; et une double mineure, en géographie et en philosophie des religions.
À sa sortie de l’université, en 1977, Allen est retourné vivre dans la Péninsule acadienne, à Tracadie, pour deux raisons : pour aller y rejoindre son amoureuse et parce qu’il y avait déniché un travail. En effet, Allen a été embauché par le Musée des religieuses hospitalières de Saint-Joseph, pour monter une exposition qui portait sur différentes facettes de l’histoire de Tracadie.
En avril 1979, Allen a épousé Léona Robichaud, originaire de Tracadie : « Nous nous sommes rencontrés très jeunes, à l’école, alors que j’étais en 12e année et qu’elle était en 10e année. En 1986, nous avons eu un fils, Jean-Sébastien, qui habite Fredericton. »
Quelques mois après leur mariage, Allen et Léona ont déménagé à Fredericton où il a obtenu un emploi d’archiviste aux Archives provinciales du Nouveau-Brunswick : « En plus de mes tâches normales d’archiviste, ce poste était spécifique à l’histoire des Acadiens. Les Archives provinciales recherchaient quelqu’un qui avait une formation non seulement en histoire, mais en histoire acadienne. Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler sur de nombreuses expositions et présentations sur l’histoire de l’Acadie. »
Il ajoute qu’un des moments marquants de sa carrière a été la réalisation d’une exposition qui portait sur l’immigration irlandaise au Nouveau-Brunswick, présentée au Musée maritime d’Inishowen, au nord de l’Irlande, près de la ville de Derry.
Au début, vivre à Fredericton n’a pas été facile pour Allen et son épouse : « L’adaptation à Fredericton a été difficile pour deux raisons : culturellement et au niveau linguistique. On se faisait regarder de travers lorsqu’on parlait français dans les endroits publics. Si ça n’avait pas été de mon emploi, que j’aimais beaucoup, on aurait déménagé. Mais avec le temps, les choses se sont améliorées. »
Allen a travaillé toute sa carrière, pendant 42 ans, aux Archives provinciales et il a pris sa retraite en 2021 : « Aux Archives, j’ai été le contact avec la communauté acadienne autant en termes d’acquisitions d’archives privées, de documents, de photos, etc.; qu’en termes de faire des présentations auprès d’organismes à caractère historique, culturel et social. J’ai aussi eu la chance de monter plusieurs expositions à caractère historique dans le cadre de mes fonctions. Ceci a été le fil conducteur tout au long de ma carrière. »
Dès son arrivée à Fredericton, Allen s’est engagé au sein de la communauté francophone de la capitale, notamment en siégeant au conseil d’administration de la garderie Au p’tit monde de franco et en étant conseiller au sein du District scolaire francophone no 51, qui incluait les écoles Sainte-Anne et Arc-en-ciel. Aussi, il a fait partie du premier conseil d’administration de la Société d’histoire de la rivière Saint-Jean, au début des années 1980 : « C’est au sein de cet organisme francophone que j’ai siégé le plus longtemps, de nombreuses années, car l’histoire, c’est ma passion! »
Après un certain éloignement du bénévolat au sein de la communauté francophone de Fredericton, Allen s’est joint, il y a un peu plus d’un an, au conseil d’administration de l’Association des aînés de la Capitale pour l’apprentissage et le mieux-être (AACAME).
« Il y a trois ans, j’ai pris ma retraite, non pas parce que j’étais au bout de mon rouleau... loin de là! Il vient un temps qu’on doit se retirer et faire d’autres choses. J’ai eu la chance de faire un travail que j’aimais beaucoup. »
Texte de François Albert
Il y a une quinzaine d'années, grâce au travail d'Allen, le drapeau acadien a flotté à l’avant du Musée maritime d’Inishowen, en Irlande.